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DojoClub Evreux Judo originel et Jujitsu

LA RESPIRATION DANS L’ENSEIGNEMENT DU JUDO

Dojo Club d'Evreux

 

 LA RESPIRATION DANS L’ENSEIGNEMENT DU JUDO

Par Yvon RENELLEAU

 

 

Qui n’a pas rêvé, un jour, de projeter son adversaire en utilisant un minimum de force selon les principes énoncés par Jigoro KANO.
Ce rêve peut devenir réalité dans la mesure où nos techniques de projection sont liées à notre respiration. Cela peut sembler étonnant, voir invraisemblable, et pourtant c’est une réalité.
C’est en étudiant les principes énoncés par Jigoro Kano que j’ai été conduit, à prendre en compte l’importance de la respiration pour réaliser une technique de projection avec un minimum de force pour un maximum d’efficacité.
Notre respiration habituelle qui consiste à gonfler la poitrine ou le ventre vers l’avant pour inspirer n’est pas idéale pour assurer notre stabilité dans un milieu hostile.
La respiration dont-il est question dans cet article est une respiration intériorisée semblable à la « respiration inversée » qui est souvent évoquée dans de nombreux arts martiaux orientaux. Malheureusement dans l’enseignement du Judo la respiration est peu abordée.
Pourtant, cette respiration nous met en rapport étroit avec notre tanden* et par répercussion cela modifie et influence favorablement notre attitude, nos déplacements et notre réceptivité. D’où son importance.
Sa principale complication est d’inverser la plupart des automatismes de la respiration habituelle.
En effet, à l’inspiration ni le ventre, ni la poitrine ne s’ouvrent vers l’avant. C’est « l’inverse » qui se produit.
Si vous essayez de faire l’exercice qui va suivre il est important de ne pas se contracter exagérément. Avec l’entraînement cet exercice doit se faire dans une parfaite décontraction.
L’explication qui va suivre concerne une respiration inverse qui se limite à la zone du hara. A mon avis c’est une bonne introduction avant d’aborder la respiration inverse complète qui est beaucoup plus ample et qui engage le corps entier.
En voici la description :
Pour commencer, le ventre et le sternum se contractent et rentrent légèrement avec une expiration accentuée. Ensuite pendant que le grand droit continue à se contracter il faut essayer d’inspirer sans modifier la position du sternum qui ne s’ouvre pas vers l’avant. Cependant, pour que le diaphragme puisse descendre il faut relâcher les tensions latérales au niveau des basses côtes pour laisser l’abdomen s’ouvrir en s’écartant sur les cotés au niveau des basses cotes. L’espace ainsi créé permet au diaphragme de descendre et de pousser sur les viscères qui se trouvent plus ou moins compressées en fonction de la quantité d’air inspirée. Cette poussée agit également vers l’arrière en poussant sur la colonne lombaire. Avant de ressentir une trop grande tension dans l’abdomen il faut commencer l’expiration en laissant l’air comprimée dans le hara sortir lentement par le nez.
En visualisant mentalement l’expiration, il faut faire en sorte que tout le haut du corps, (les bras, les épaules, la poitrine) se relâche complètement. Seule une légère tension doit subsister dans le tanden. (C’est une différence entre la respiration inverse et la respiration inversée)
Ce premier cycle terminé le suivant commence en contractant légèrement le grand droit en inspirant lentement par le nez.
Cette forme de respiration est complètement invisible de l’extérieur, il est donc facile de la pratiquer et de s’exercer fréquemment pendant la journée, le soir ou au réveil allongé dans son lit.
Pour le judo son importance se situe autant au niveau de l’inspiration qu’à celui de l’expiration.
L’inspiration permet de prendre conscience de notre tanden et de « coller » les actions déstabilisantes de l’adversaire. « Coller » la force adverse permet d’en évaluer l’intensité et la direction.
L’expiration quant à elle nous permet un relâchement musculaire du haut du corps qui déclenche une perte de contact au niveau des appuis de l’adversaire. Cela provoque un flottement qui agit sur sa stabilité et permet de le projeter avec un minimum de force.
Ce qui est indéniable, c’est la surprenante sensation de vide qu’éprouve le partenaire avant sa chute lorsque la respiration inverse est utilisée pour réaliser une technique de projection.
Rappels des différents critères anatomiques de la respiration inverse
Cette respiration, en nous mettant en relation très étroite avec notre tanden, nous fait prendre conscience de l’énergie qui s’y trouve concentrée et qui est utilisable instantanément dans les meilleures conditions.
Anatomiquement son action rigidifie et stabilise les articulations du rachis lombaire en les unifiant avec le haut du corps. Pendant l’inspiration, le diaphragme descend le centre de gravité car il repousse la masse des viscères vers le bas. Ces dernières, prises entre le diaphragme, la tension des abdominaux et le plancher pelvien, renforcent et protègent les lombaires. De plus, cette respiration ventrale nous procure une forme de corps qu’il n’est pas possible d’acquérir autrement. A mon avis, cette forme de corps est certainement proche de « l’attitude shisei* » si souvent signalée par les anciens maîtres japonais.
Sur le plan de la santé, la pratique régulière de cette respiration est un très bon exercice pour soulager, voir supprimer, les douleurs lombaires tout en influençant favorablement le transit intestinal.
La respiration inverse et son rapport étroit avec le tanden modifie notre attitude et notre façon de nous déplacer. C’est cette attitude, qui nous maintiendra dans une stabilité dynamique à l’écoute des moindres changements qui se présentent dans un combat. Elle supprime nos contractions musculaires dans le haut du corps, contractions que l’adversaire utilise pour conforter son équilibre et son opposition.
Bien sur, il faudra aussi parler de la stabilité dynamique liée aux déplacements, de l’action que j’appelle « coller la force adverse » et de l’étude particulière des katas pour qu’ils soient des éducatifs spécifiques pour améliorer notre stabilité.
Le résultat de se travail sur soi ?… Une plus grande efficacité.
Mais cela est peut-être aussi, le début d’une transformation profonde de notre comportement physique et mental…


*Tanden : Il est placé à environ deux largeurs de doigt sous le nombril. Pour les orientaux, il est le siège d’où part l’énergie vitale, la réelle puissance de l’être humain. Appelé Dan-tian par les chinois, sa maîtrise est recherchée dans tous les arts orientaux et le Bouddhisme Zen.


*Shisei : C’est l’exactitude de la forme extérieure (shi) et la présence de la forme intérieure (sei).
A SUIVRE …

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