Maître AWAZU au Dojo Club Evreux
Le texte ci-dessous a été écrit par Christian DEMARRE:
Une des premières actions de notre nouveau président a été de contacter avec moi, Maître AWAZU pour le faire venir à Evreux et nous dispenser un cours de 2 heures.
L’importance de cette visite est due surtout à l’histoire de Maître AWAZU qui est liée à l’arrivée du Judo en France. Actuellement âgé de 87 ans, il marche avec difficulté et à l’aide d’une canne, mais dès qu’il monte sur le tatami, il se redresse et son autorité naturelle s’impose immédiatement ainsi que son sens de l’humour.
Maître SHOZO AWAZU est né le 18 avril 1923 à Kyoto, ancienne capitale du Japon. Suite à une entorse de la cheville à l’âge de 11 ans, le père de SHOZO, n’ayant pas de médecin, l’emmène chez le maître NISHI, professeur au BUDOKUKAI, le grand centre d’étude du judo de KYOTO, l’équivalent du KODOKAN de TOKYO, qui lui rendit bien vite l’usage de sa cheville. Le professeur recommanda la pratique du Judo pour consolider la cheville blessée. Shozo fît de rapide progrès et se classa parmi les meilleurs élèves. Ses brillants résultats en compétition portèrent leurs fruits. Il passa rapidement 1er DAN et devint capitaine de l’équipe de KYOTO qui gagna le championnat national du Japon en 1939.
Après la guerre, en 1949, il est classé parmi les 16 meilleurs judokas japonais. Pendant ce temps, en France, le nombre de judokas augmentant, Maître KAWAISHI sentit le besoin d’une aide. Il lui fallait l’assistance d’un expert qui fût jeune, combattant exceptionnel et technicien confirmé. Il s’adressa à son ancien professeur, Maître KURIHARA 9e DAN, ancien assistant de JIGORO KANO. Celui-ci proposa SHOZO AWAZU qui arriva chez nous en 1950 et qui y resta après avoir fait venir sa femme.
Spécialiste incontesté du travail au sol (Maître CORREA s’en inspira), il était également un redoutable combattant et un remarquable technicien debout (HANE GOSHI, USHI MATA et HARAI GOSHI).
Le NE-WAZA, c’est aussi subtil et aussi complexe que l’art des projections. Au sol, il cherche sans cesse le trou pour l’étranglement, la position pour la clé de bras, le déséquilibre pour la sortie d’immobilisation. Il cite souvent Maître JIGORO KANO : « Le JUDO, c’est la voie qui vous amène à utiliser le plus efficacement l’énergie corporelle et mentale afin d’atteindre la perfection de la personnalité humaine car le but final, c’est l’épanouissement de soi-même et dans la vie, être utile à la société. »
Maître AWAZU ne devait pas rester dîner avec nous le soir mais devant l’ambiance qu’il a qualifiée de « camarade », il est resté au repas. Lorsqu’il est sorti de table, nous l’avons fort applaudi. Très touché, il a dit : « Je reviendrai à Evreux. ». Nous étions une quarantaine sur le tapis du Dojo. Evidemment, beaucoup d’anciens étaient présents. Ludovic Métivier, notre président, qui l’a raccompagné en voiture chez lui, nous a dit qu’il avait chanté tout au long du chemin.
Longue vie Maître AWAZU et à bientôt.
Christian Demarre