Stage Ju Jutsu - Décembre 2010
Régulièrement, le dojo club d'Évreux organise des stages nationaux de Ju jutsu. Une Journée où un "professeur" de cet art martial vient livrer son enseignement à des ju jutsukas débutants ou expérimentés.
Des projections, immobilisations, clés de bras; L'occasion de tester ma résistance et de vous emmener faire un tour sur le tatami. Samedi matin 9 heures 30. Je ressens une certaine appréhension au moment de pousser la porte du Dojo Club d'Évreux. Malgré mon mètre quatre-vingt-cinq et ma ceinture jaune-blanche de Judo, je crains de ne pas faire le poids.
La peur de manger le tatami
Le kimono enfilé, je me sens dans la peau d'un autre homme. Pourtant, je reste persuadé que ma préparation mentale, basée sur les enseignements des films de Jean-Claude Vandamme et Bruce Lee ne me sera d'aucune utilité. J'ai à ce moment très peur de passer une journée à manger le tatami. L'attitude conviviale des autres participants me rassure. En tant que débutant, je suis très bien accueilli. On me présente à une ceinture noire qui est là pour m'accompagner. Première leçon : la théorie. On m'explique ce qu'est le Ju jutsu : «des techniques de combat non armées basées sur les principes de non-opposition». Ou plus simplement : «dès techniques qui permettent de se défendre sans avoir de gros muscles», je déstabilise mon "agresseur" et me retrouve en bonne position pour lui asséner un coup puissant ; coup de genou dans l'aine, balayage. Heureusement, mon partenaire se laisse faire et me met ainsi en confiance. Mais c'est à mon tour de jouer le rôle de l'agresseur et je mesure alors l'écart qui sépare un ju jutsuka expérimenté de l'élève. À peine le temps d'envoyer mon poing vers la tête de mon partenaire que je me retrouve au sol. Je suis surpris et me retrouve complètement immobilisé par une clé de bras. Pas de bobos, mais impressionné par l'aisance avec laquelle un homme de soixante ans m'a neutralisé. Les exercices s'enchaînent. J'apprends à parer coups de pieds, coups de poing puis le professeur signale la pause de midi.
L'Ukemi, tomber sans danger
L'après-midi, nous passons aux choses sérieuses. Les exercices consistent à parer une attaque "à main année." L'agresseur a désormais un bâton qui symbolise une arme : batte, couteau, bouteille... Les ju jutsukas expérimentés s'exercent, quant à eux, avec un véritable couteau.
Malgré les prises effectuées, l'ambiance est très bonne entre les participants. Je rencontre Pascaline. Après un mois de pratique, elle se débrouille plutôt bien et m'envoie facilement au tapis. De mon coté, j'ai un peu de mal à mémoriser les enchaînements. Mais elle me rassure : « c'est normal. Si on comprend les gestes et les techniques, la mise en pratique est plus compliquée. Il faut un peu de temps pour assimiler mais on attrape vite les automatismes. Et avec l'ambiance qu'il y a ici, tu apprends vite. Les autres participants t'aident et prennent soin des ceintures blanches.
Le Ju jutsu est la pratique d'autodéfense par excellence. Chaque exercice débute de là même façon : deux partenaires jouent chacun à leur tour le rôle de l'agresseur. Le défenseur doit alors esquiver le coup et répondre à l'agression en neutralisant son partenaire. « Pour chaque attaque, il existe une multitude de parades. Ce qui permet de varier sa défense selon sa constitution ». Second enseignement : savoir tomber sans dommage. Pour cela, rien de très compliqué. La technique qui porte le nom exotique d'Ukemi, du japonais "brise-chute" consiste à frapper le sol de sa main au moment de la chute.
Mettre un samouraï au tapis
Ça y est, on estime que je suis prêt à mettre en pratique ces quelques enseignements. Pour chaque exercice, le professeur fait une démonstration avec un élève. Mon premier test : esquiver un coup-de-poing porté au visage et envoyer au tapis mon partenaire. J'applique les conseils du professeur : esquiver en faisant un pas de côté tout en détournant te coup avec mon bras qui doit être « droit et solide comme un sabre. » Je comprends très vite qu'en mettant en pratique ces conseils, je déstabilise mon « agresseur » et me retrouve en bonne position pour lui asséner un coup fatal.
Avant chaque exercice, le professeur fait une démonstration avec un élève gradé. Ici la parade à un Tsukkomi : un coup de poing porté à l'estomac. L'élève, qui joue le rôle de l'agresseur tient un Tantô (poignard en bois) symbolisant un couteau.
Pour moi, la journée en kimono s'achève. Même si je ne fais toujours pas le poids face à mon partenaire et n'importe quel autre ju jutsuka, j'ai l'impression d’avoir appris beaucoup de choses. Le plus important : l'esquive. Si elle est bien réalisée, vous déstabilisez votre agresseur et vous placez en position idéale pour le neutraliser. Quelle que soit sa force et sa corpulence. Autre enseignement d'importance vitale : on n'attaque pas un sage. Car parmi les ju jutsukas rencontrés aujourd’hui, peu avaient l'air costaud. Et pourtant...
Extrait d’un article de Jérôme Lecoq paru dans l'Eure-Infos du 21 décembre 2010.